« Une réhabilitation raisonnée, dans son temps et pour longtemps : telle est la démarche globale que nous avons mené sur ce projet.
Graham sera un lieu où l’ADN de l’existant sera révélé, pour laisser place à un dialogue entre ses nouveaux usages, ses circulations toutes éclairées, ses parcours riches et apaisés et ses jardins luxuriants et fertiles.
Le projet rendra la lisibilité aux qualités de ce qu’était un immeuble de Postes et Télécommunications tout en l’améliorant, basé sur le concept du design utile : des plateaux libres et de grande hauteur, des menuiseries de grande dimension laissant pénétrer la lumière jusque dans les escaliers, et ce fil conducteur qu’est le cuivre pour affirmer l’identité du lieu ».
Comprendre le passé pour mieux intervenir sur l’existant.L’immeuble a été conçu en 1925 par Charles Giroud, architecte de l’Administration des Postes et Téléphones, pour accueillir la Centrale Téléphonique Vaugirard dans un style art Déco industriel épuré.
Le système constructif couramment utilisé est celui d’une structure primaire entièrement en béton armé (poteaux et poutres) avec des murs de façade en remplage de brique. Tous les planchers étaient en béton-armé avec solives non apparentes, à double-hourdis afin de faciliter le passage des câbles et reposaient sur des poteaux également en béton-armé. En 1961, l’architecte Albert Grégoire conçoit une extension positionnée au centre de la toiture, qui a été réalisée au R+5 en retrait des façades rues et cour, avec une toiture à 2 pentes dégageant une grande terrasse, en structure métallique (poteau et fermes métalliques).
La très grande qualité architecturale du bâti guide de manière évidente toutes les interventions qui ont été imaginées.
La nécessaire réflexion pour réduire les consommations et pour lutter contre les ilots de chaleur urbaine nous incite à penser le projet en réduisant tous les impacts possibles.
Un projet unique et sur mesureL’ancienne entrée des voitures du porche sera transformée pour le dédier à l’entrée principale, celle des piétons et de la mobilité douce, véritable l’espace de transition entre la rue et l’immeuble.
Une galerie contemporaine est créée au rez-de-chaussée, permettant l’accès au jardin et à l’immeuble. La pureté du volume de la galerie, avec sa façade vitrée de 6 mètres de hauteur, constitue un élément de transition et de partage totalement ouvert. Le dialogue entre l’existant et un élément contemporain vitré prend naissance pour révéler le jardin, en pleine terre, qui devient le poumon du site.
Les circulations, élément clé de la fluidité et des connexionsLes paliers seront tous éclairés premier jour, face au jardin, et permettront les déplacements physiques ainsi que les échanges et la convivialité.
Un escalier monumental magnifie toutes les circulations entre les espaces d’accueil et de rencontre et les espaces de travail.
Le projet rendra la lisibilité d’origine des plateaux de bureaux : libres et modulables dans l’esprit du projet de 1925. Tous les cloisonnements seront déposés pour laisser les poutres et poteaux en béton apparents. Les belles hauteurs sous plafond seront libérées de toute installation. Les espaces intérieurs du cinquième étage bénéficieront d’un accès direct aux terrasses. Les fenêtres existantes seront transformées en baies vitrées toute hauteur favorisera la perméabilité spatiale et visuelle entre l’intérieur et l’extérieur, tout en conservant la trame d’origine.
Vera Matovic
architecte DPLG et présidente de B. architecture.